ISA

Un excès de réflexion rend malheureux ou mystique.

/ Raspoutine

Prise de tête à la machine à café

Prendre le temps de se faire un bon café plutôt que d'avaler un jus de chaussette infâme pour nous pousser frénétiquement dans l'instant suivant que l'on n'appréciera pas vraiment plus. Profite-t-on vraiment d'un moment de confort sans s'investir ne serais-ce que rituellement dans sa fabrication ? - Isa

*

Café : jus de la baie torréfiée porteuse du psychotrope le plus répandu et le moins stigmatisé de l'humanité, carburant de la révolution des Lumières, dissolvant de nos torpeurs : Caféine

On le trouve sous toutes formes, au litre dans les infuseurs domestiques, usiné à la chaîne derrière les comptoirs des commerces portant Son nom -et récemment- en capsules à l'évocation hypodermique.

« Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! » - Alfred de Musset, a.k.a. Mumu : du troquet La Choppe malheureusement remplacé par un « Lounge » sans âme. Dans le contexte la citation était « Qu'il est bon de se torcher la gueule ! » Une bonne formule, pleine d'authenticité qu'il dû retravailler sous prétexte qu'elle « ne faisait pas très littéraire ».

Pas d'accord.
Certes tout jus caféiné peut prétendre à l'appellation ; hébété par la poursuite de nos agendas on voudrait se contenter d'un p'tit noir aspiré encore bouillant, un coude au dessus du comptoir, les pieds déjà tournés vers la sortie. Mais n'est-ce pas précisemment ce qu'il nous faudrait à ce moment : une caresse du présent qui nous rappelerait tendrement qu'il est là, avec nous, sereinement ?

« You can't always get what you want, but if you try sometime well you might just find, you get what you need. » - the Rolling Stones



D'abord

Où l'on voit que ; dans sa recherche de standard le processus industriel exclut les nuances et bannît l'Art.

*

Comme en cuisine, la recette pour le « meilleur café du coin » passe par un bon produit, un bon matériel et de l'attention. Pas besoin d'une Rolls, concèdez simplement qu'enfoncer une vis au marteau conduit à un résultat dégueulasse.

Pour le grain c'est facile, toujours favoriser un premier, voire deuxième, « crac » et abandonner les « noirs ».
Voyez-vous la baie de café doit être torréfiée (cuite sur plaque sans eau ni huile) pour libérer ses arômes et sa caféine. À la cuisson la baie -blanche- brunie, se racornie jusqu'à ce que sa peau «crac» ; s'il on continue la cuisson c'est l'eau des cellules coriaces qui se libère en vapeur dans un second « crac » ; poussée à fond plus de son reste une baie noirçie remarquablement fâde, c'est le grain des percolateurs de bistrot et des automates, le même goût, toujours, qu'importe la baie. Pratique, utilitaire.
Mais ici nous voulons du pop, le saut de la troisième corde sur tes papilles. Il y a des milliers de parfum, à vous de trouver votre pied, mais un grain goûteux est d'une teinte chocolat au lait. Pour le reste l'essentiel c'est de maîtriser la préparation jus de café, l'extraction de l'essence de la baie, sans subir celle de la cafetière.



Ensuite

Où l'on voit que ; le solennel du riuel permet la manufacture de l'extraordinaire dans le vulgaire.

*

Si l'infusion proposée par les cafetières à piston est pleine de mérite je lui préfère l'appareil « à l'italienne ». Petite merveille de l'ère de la vapeur, ce sablier à visse est idéal car bonifiable.
La partie basse recueille l'eau, vaporisée, elle tente de s'échapper par un cornet débouchant dans la charge de café moulu où elle s'expand et s'imprègne des arômes puis, pressée par le reservoir, comprimée, remonte la pipe pour s'écouler décompressée dans le pot supérieur.

Rien qu'ici vous pouvez louper votre café quatre fois.

Cette cafetière n'est pas un robot, c'est un outil, sans vous pas de bon café.

Pour commencer une cafetière neuve doit être utilisée au moins trois fois -sans boire le café : évier- pour nettoyer parfaitement la tuyauterie des oxydes d'alumine, ou autres, et surtout commmencer le sédimentaire travail de calaminage : une strate solide de résidu de café isolant votre préparation du métal de l'instrument.

Pour favoriser ce calaminage on ne vide et nettoie la cafetière qu'à l'utilisation (si vous l'utiliser régulièrement hein, on fait du café pas de la pénicilline).
Pour ce faire, on dévisse l'appareil, on jète le contenu de la vasque supérieure, on éjecte le marc en soufflant un coup sec dans le cornet, puis l'on rince ce dernier. Le jus restant dans le reservoir inférieur est conservé (sauf si t'as brulé ton dernier jus). Évidemment on ne récure jamais une telle cafetière, sauvages.

On complète le reservoir d'eau jusque sous la valve de sécurité (le petit téton boulonné). On peut chipotter à loisir sur la qualité de l'eau mais si ça passe pour les pâtes, ça passe pour nous. Commencez par maîtriser l'extraction.

On replace le cornet que l'on garnit à fond avec la mouture. Évitez les moutures trop fines, plus adaptées pour les appareils à filtre papier. NE PAS TASSER. Ce n'est pas un percolateur, ici pas de pompe d'injection, seule la température dans le reservoir permet le passage de la vapeur dans le grain broyé. Contentez vous de remplir à ras et de lisser l'exédent avec un couteau (sur une feuille pour remettre dans le pot -sans pencher l'assemblage il y a de l'eau dedans- s'il faut tout vous dire).

On peut alors visser fermement la vasque supérieure. Allumer à fond le plus petit feu, poser et rester à côté l'œil rivé sur l'appareil. C'est un accouchement, un peu d'investissement bordel !



Puis

Où l'on voit que ; comme le jongleur se soumet à la gravité pour mieux l'exploiter, celui qui veut extraire du café doit se plier à la Physique et la Chimie.

*

Là on patiente en laissant la pression monter...
N'a-t-on rien oublié ? Est-ce que l'engin va nous exploser au visage ? Est-ce que la voisine va venir nous demander du sucre au moment cruciale du processus ?

Le premier signal est sonore : la valve !
Pas le sifflet d'usine -là c'est foutu- un léger échappement de gaz, chuintant, crachotant. C'est le moment de mettre le feu au minimum.
Si t'as une plaque électrique : tu fais chauffer sur une plaque moyenne en même temps que tu fais chauffer la petite plaque, au signal tu passes l'appareil sur la petite plaque déjà à température, oui c'est pas pratique en même temps t'as des plaques…

C'est elle, l'étape cruciale, ne pas cramer le café. Vous vous souvenez des « crac », du temps passé à trouver un café prometteur, de l'anticipation d'un café de fou ? Si l'eau est trop chaude, la baie recuit et finis les arômes, buvez ce café âpre et amer, vous le méritez, mais vous valez mieux que ça.

Info pour les cafetière piston : l'eau c'est 70°C, on cherche à faire une infusion pas à repousser des envahiseurs des crénaux !

Donc notre appareil est sur feu doux, si la complainte de la valve remonte restez stoïque ce que vous attendez c'est le noir jus qui passe la pipe et ruisselle d'un fil si fin et pur qu'il semble joindre immobile l'exutoire au fond de la vasque.
Là on voit la tête du bébé, c'est le moment charnière : les yeux rivés sur la pipe surveillez l'arrivé du bouillon. De fines bulles vont doucement s'accumuler à la tête du tuyau et j'ai le regret de vous dire qu'à ce moment, vous êtes livré à vous même.

La mouture, la puissance du feu, la cafetière, les astres, les dieux, aucun bouillon ne se ressemble, c'est à vous de savoir.
Il faut retirer l'appareil du feu quand vous estimez que le jus (qui va encore couler un moment !) s'arrêtera à mi-niveau de la vasque.

Oui c'est chaud, moi ça m'a pris un mois en pratiquant tout les jours !

Les arômes se dissolvant plus facilement que la caféine, et le grain recuissant à mesure que l'eau le traverse : les premières gouttes sont toutes en arômes et parfums, à partir du milieu ce n'est plus qu'amertume et caféine. Ironiquement un café au goût puissant est moins caféïné qu'un allongé, léger mais raide. (Pour les pistons, ça signifit qu'il vous faut chronomètrer le temps d'infusion !)

C'est une corde raide que de poursuivre la puissance d'un café et son parfum, pourquoi les baies pour expresso sont sur-torrifiées à votre avis ?

Mais faites le test : servez des petites tasses à mesure que le café coule. Gôutez les séparement, tentez des mélanges, découvrez…
À mon goût le premier cinquième est un nectar, la première moitié est acceptable, la seconde : un affreux jus de chaussette que la merveille des premières gouttes ne peuvent sauver et même pire : s'abîme dans cette insipidité.



Enfin

Où l'on voit que ; comme nous l'apprennent les révolutions le plus important n'est pas tant de bouleverser le marasme que de stabiliser la situation à un idéal.

*

Le bébé est sorti !

Félicitations, mais on a pas fini… Pas question de le laisser sur la table !

Il est impératif de verser le jus extrait dans un second pot. L'écoulement extrêment délicat du café l'empêche de se mélanger, les derniers jus – moins goûteux mais plus chaud – stagnent au dessus tandis que le nectar rôde dans le fond. Il faut transvaser tout ça pour le brasser et l'homogénéiser.

Pour garder chaud longtemps faites chauffer le pot au bain marie pendant l'extraction, de toute façon vous allez avoir besoin d'eau chaude, car :

On vient d'extraire deux doses de moût pour une dose de café ; certes vous avez un merveilleux extrait de café, mais c'est un sirop qui va vous prendre la bouche avec une fougue à vous poser le cul par terre – ivresse légitime – mais pour un peu plus de civilité je préfère le couper avec de l'eau (chaude, pas bouillante) voire du lait.
Il y a un point de dilution à ne pas dépasser, c'est au goût de chacun. Si c'est bien fait nul besoin de sucre.

C'est la Faute à Murphy



- la réhabilitation d'un ingénieur -

La loi* dite de Murphy ou «de l’emmerdement maximal» est un petit objet bizarre qui se promène dans la sphère du savoir populaire et décrit que : «la tartine tombe toujours du côté beurré».

* en science : une loi décrit, une hypothèse prédit, une théorie explique, une expérience démontre.

Cette loi est principalement évoquée pour dénoncer l'injustice du Destin, qui nous mène de Charybde en Scylla au moment de nos plus grandes fragilités.
Tout le monde à en tête une journée de merde où la série noire semble dépasser la coïncidence ; de même que tout le monde connaît un(e) poissard(e), un pauvre être poursuivit par la calamité qui -affligé- crache rageur l'imprécation :

« Enfoiré de Murphy ! ».

Sans appuyer sur la déraison de porter la responsabilité d'un phénomène à l'inventeur de la loi qui le décrit, j'irai sur un court panégyrique à Edward Aloysius Murphy Junior.

Ingénieur de l’aérospatiale américaine, il travaillât notamment sur la sûreté des systèmes critique tel que les systèmes d'éjections. Ce qui dans la pratique consiste à attacher un volontaire à une roquette lancée sur des rails et à la décélérer brutalement dans un bac d'eau pour mesurer à quel point ça fait mal.
Car le point est bien que l'on ne doute pas que l'expérience est douloureuse, mais de déterminer les symptômes qu'elle cause et s'ils sont tolérables.

( Aparté : quand on estime les risques trop grands on utilise un animal, ici Yogi l'ours -menotté dans la capsule- après son éjection d'un bombardier supersonique, y'a des jours comme ça...! )

Bref, le pilote d'essai (Dr. John Paul Stapp), démontrât ainsi que -correctement positionné- l'humain pouvait survivre à plus de 46 G* et donner une conférence de presse juste après dans laquelle il fut demandé à Stapp comment il était possible que personne n'eût été gravement blessé durant les tests. À quoi il répondit que cela avait été possible car ils avaient pris la « loi de Murphy » en considération, loi qu'il expliqua [wikipedia].

* vos organes et vos os essaient de sortir de vous avec une force équivalente à 46 fois leur poids : c'est comme si votre main pesait 30kg. Le record monte à 83g, assorti de cinq jours dans un état critique heureusement sans séquelle durable.



- loi et corollaire -

"Anything that can go wrong will go wrong." - Ed. Al. Murphy Jr.

« Tout ce qui peut aller mal ira mal. » est un axiome de design défensif qui consiste à imaginer à quel point vous êtes foutu quand le truc qui ne doit pas foirer foire quand même, et à limiter -sinon sa fréquence- la gravité d'un aléa (son risque).
Ce principe rigoureusement appliquer par Murphy et son équipe permit une grande consistance de la sécurité au court de ces tests pour le moins risqués.

Ces recherches furent cruciales pour le développement des ceintures de sécurité et des airbags ; Murphy contribuât donc, avec ses collaborateurs, à sauver de nombreuse vies.

Alors pourquoi maudire cet homme dévoué et rigoureux ?

Parce qu'il y a deux choses que l'humain déteste : se cogner l'orteil sur le coin d'un meuble, et être responsable de son propre malheur. Sauf que si « Tout ce qui peut aller mal ira mal. » pourquoi diable se balader insouciamment les orteils à l'air près de meubles anguleux ? Voire pourquoi posséder un mobilier aux arrêtes cruelles pour commencer ?

Se pourrait-il que nous laissions la chance au incidents de se produire, que se soit... Notre faute ?

Mais ! Me rétorquerez vous, normalement il n'y a pas de problème, c'est que ce coup là j'étais pressé !

Donc… C'est la faute de votre urgence si votre pied à fini sur la commode ?

« N'attribuez jamais de la malignité à ce qui peut s'expliquer bien plus simplement par de la bêtise. » - rasoir d'Hanlon

Curieux cheminement de pensée en effet que de croire qu'assailli par les évènements vous fussiez excusé de faire attention à vos propres actes.
Je vous comprends -nous sommes entre humains- mais vos tarses sont votre responsabilité.

Ce qui vous est arrivé c'est, qu’un fugitif instant, il vous a échappé cette âpre réalité :

l'Univers n'est pas votre pote.



-chaos-

Habitants privilégiés d'une planète tempéré, Nous avons perdu de vue que 90 % de la matière connue de l'Univers observable compose les étoiles -un environnement si hostile que même les atomes ne peuvent y contenir leur électrons- et que 99.999 % de l'espace est un abîme avide de disperser votre chaleur, vos liquides et vos vapeurs.

Entropie faisant loi toute vie nécessite le mouvement, tout mouvement consomme de l'énergie, toute énergie s'use.

L'ordre est un déséquilibre pour l'Univers, lui rêve de l'équanimité du chaos :
Un bruit blanc quantique.

Pourquoi vos écouteurs ne s’emmêleraient-ils pas dans votre poche ? Il y a tant de combinaisons de nœuds possibles et si peu d'ordonnées que la solution gordienne est simplement la plus probable. Du point de vue de nous écouteurs c'est simplement plus facile.
Le seul recours est de faire soi-même le nœud qui nous arrange, encore faut-il le connaître.

« Connaissez-vous la différence entre l'éducation et l'expérience ? L'éducation c'est quand vous lisez tous les alinéas d'un contrat. L'expérience, c'est ce qui vous arrive quand vous ne le faites pas. » - Pete Seeger

L'éducation c'est un peu l'évasion fiscale appliquée au hasard, quand le panier d'œufs tombe par terre et que la malchance réclame son dû, les malins qui auront répartis leur œufs dans un autre panier ou les auront emmitouflés s'en tireront toujours mieux.

Mais enfin on ne peut pas tout prévoir ! Entends-je. Bien sûr que non, car ce n'est pas là le point.
Il y a de toute façon bien trop de paramètres, bien trop d'inconnus et de faux semblants.

Les expériences s'enchaînent bonne ou mauvaise.
Tout se joue aux dés, et comme au casino les combinaisons gagnantes sont rares. Nous n'avons de prise que sur la mise: ce n'est qu'avec discernement, science et modération que nous pouvons avancer, lentement -avec effort- mais sûrement.

Car quitte à se promener dans la forêt les yeux bander autant faire l'effort tâtonner devant soi non ? Chaque arbre, chaque rocher, chaque ronce auxquels on se heurte c'est un peu d'énergie gaspillée pour le jour où on arrivera sur un vrai obstacle comme une rivière, une falaise ou une bête.

Le contre pied de « Tout ce qui peut aller mal ira mal. » suggère que tout ce qui va bien est déjà un putain de miracle. Le reste c'est à soi d'y parer. Et comme dis l'autre :

« Pendant que tu te lamente les autres s'entraînent. » - Arnold Schwarzenegger

Critique norvégienne : Chappie

Concept : présenter et critiquer une œuvre quand on en entend parler, juste après l'avoir vu, puis à tête reposé.
Règle : le premier avis doit n'être basé que sur l'a priori du critique et sans recherche. La deuxième juste après l'expérience mais ne doit pas gâcher l'expérience pour un lecteur qui n'aurait pas vu l'oeuvre (no spoiler). Enfin la troisième partie est libre de décortiquer l'oeuvre à souhait mais il faut couvrir les deux faces des points polémiques.

Au menu :

Chappie, film réalisé par Neill Blomkamp (réalisateur de district 9 yeah ! Et d'elyseum pouf pouf pouf), un film de SF avec Hugh Jackman et Sigourney Weaver (si tu veux , pourquoi pas) et.... Ninja & Yo-landi Vi$$er le duo de Die Antwoord, « la réponse » en afrikaans : un groupe de rap-rave issu du mouvement contre-culturel zef et originaire de la ville du Cap[1] !!?

Là, ma curiosité est méchamment piquée, petit visionnage du teaser et confirmation que l'intrigue se passera en Afrique du Sud, à Johannesburg même et que ces rappers seront utilisés pour représenter la population white trash locale.

Donc on a le réalisateur de district 9 qui traite à chaque fois de fossé social qui compte mettre en scène Die Antwoord dans le rôle de criminel des rues. Je ne sais pas ce que nos musiciens valent en tant qu'acteur mais si c'est pour donner une image forte mais crédible du milieu populo Sud-africain là on a un morceau de choix (bien plus qu'avec un certain ch'ti).

Voilà pour le matériel, maintenant le sujet. Chappie, le robot conscient, est présenté comme un robot policier, on pense à RoboCop est ça devient encore plus prometteur. Le film de Verhoeven a comme cadre un Detroit dystopic mais malheureusement prophétique : une ville en faillite rongée par la criminalité. Hors Johannesburg est justement la ville la moins sûr du monde en période de paix (17 morts violentes par jour). Coïncidence ? Je ne croit pas !
Le rôle d'agent de la paix synthétique permet d'aborder des questions d'éthique et de légalité. Et là petit taquet en passant au reload de RoboCop parce que les humains robotisé c'est so 1987 comme SF ! Tout le monde est ravi d'avoir une prothèse pour augmenter ses capacités, la vrai question de civilisation à aborder en 2015 c'est la délégation aux machines de tâche demandant traditionnellement une réflexion morale, la question de l'autonomisation des drones de combat par exemple. Si la question est le moteur de l'intrigue du dernier RoboCop le film ni répond en rien, il se content de dire que les méchants du film eux trouve ça très bien.

Donc jolie attente !

À chaud :

Yes !

Dans la forme le film est plus que correct, la photo ou les mouvements de caméra ne sont pas ouf juste efficaces, la narration filmique (ne pas dire ce qui peut être juste montré) est claire et discrète. Die Antwoord épice le film sans le détourner lui donnant un ton authentique, universellement abordable tout en restant Sud-African. Ce que le doublage français met en demi teinte par l'utilisation aléatoire de l'accent caille-ra. Enfin mention spéciale à l'animation et la modélisation de Chappie !

Pour l'intrigue : il y a quelques facilité prise pour justifier la résolution finale (comme d'hab' quoi), quand aux moteurs de l'intrigue ils fonctionnent bien pour lancer leur part mais sont un peu encombrant du reste.

Le film est un peu irrégulier dans la tenu, devient franchement chaotique à un moment, qui est chaotique en soi d'accord, mais ce n'est pas une raison pour que la narration le devienne aussi.

Dans le fond par contre tout bon !
Oui c'est une critique sociale, oui c'est pertinent et oui c'est de la bonne SF. Mais qu'est ce que de la bonne Science Fiction me direz vous ? La mise en scène de technologies anticipées afin d'explorer ou de questionner la nature humaine vous répondrais-je. Et là c'est un régal, car via le postula de la conscience artificielle le film traite du concept de l'identité et le fait bien : en brossant un portrait large qui soulève une myriade de questionnements et de prise de conscience sans jamais imposer un jugement.

Je le conseil.

À froid :

De mon point de vue le film est réussit parce que je trouve l'utilisation de Ninja & Yo-landi Vi$$er juste. Ce point de vue est possible car je connais est me suis renseigné sur le groupe par avance. Il sont très présents et si on ne les voient que comme Die Antwoord, il va être très difficile de plonger dans le film. La plupart des personnes qui n'ont pas appréciées le film expriment cette raison. Le duo est là pour donner un certain cachet en étant une caricature de lui même dans un futur proche mais sinistre. Étant eux mêmes d'origine modeste on est pas juste dans l'imitation, c'est toute la pertinence de les avoir employé. Le rôle des artistes est taillé à leur mesure et on les voient mal dans un autre registre d'accord, mais pour Chappie ils sont parfaitement dirigés.

C'est un bon film de SF parce que le biais fictif, la création d'une conscience artificielle dans un robot, permet de traiter de l'identité des individus, de l'influence du contexte sociale, du rapport de la créature au créateur, du rapport à l'autre et à la différence. C'est fluide, c'est large et ce n'est pas moralisateur : la classe.
Le point fort c'est que dans Chappie le biais de la conscience chez la machine n'est pas réduite à la question de la morale du robot policer. Chappie est une unité hors service qui ne part même pas avec la notion qu'il est unique, il se sait différent, mais comme tout le monde l'est à un certain degrés c'est juste normal pour lui, comme pour n'importe quel môme. Ce qui change tout puisque l'on n'a pas le point de vu d'une machine sur l'humanité (comme Smith dans The Matrice) mais le point de vue d'une conscience sur l'humanité. Chappie est un miroir qui nous renvoie nos travers cru et sans distance, contrairement à tous ces prédécesseurs (sauf peut-être Bicentennial Man issu d'une nouvelle d'Asimov en même temps...). C'est appuyé en laissant Chappie s'interroger sur son existence loin des professeurs en philosophie. Ses questions lui sont répondu par des personnages de la rue qui s'exprime de manière sensible -sans le vocabulaire technique des intellectuels- sur un sujet sans réponse mais dont tout être humain fait l'expérience.
On a aussi un petit commentaire sur les sociétés policés : quand les robots tombent en panne ce n'est pas seulement les gangsters qui sont dans les rues mais tout les frustrés de cette société qui se révoltent sans la contention des forces de l'ordre qui étouffait le symptôme sans rien régler.
Dans le dernier volet du film arrive le concept de virtualisation de la conscience, qui n'est pas traité, simplement montré bien que c'est sûrement ce à quoi font référence les interviews du début. C'est à mon avis un très bon choix car il faudrait au moins une trilogie pour aborder un élément d'anticipation aussi touffu et exigeant pour la psyché humaine.
Après c'est un film de SF un peu léger à cause des approximations scientifiques et techniques (des gouffres !) qu'on ne tolère que parce que l'histoire est touchante. C'est pas parce que c'est « juste un film » qui faut être superficiel. Pour la bonne raison que la technologie nous entour une part importante du public est maintenant suffisamment éduquée en la matière pour « voir les fils ». Les consultant techniques du cinéma sont suffisamment compétent pour corriger ça sans affaiblir le scénario ni la narration ; ce n'est juste pas considéré comeun point important. Pourtant si c'est si embêtant de faire l'effort d'être crédible il y a un style pour ça, la fantasie : c'est magique ! Hop c'est plié, plus qu'à rester cohérent dans la narration. Mais du coup on perdrait le lien avec notre monde et l'aspect critique de l’œuvre. Avec la vulgarisation scientifique à portée de tous via internet il risque d'arriver un point où le public (amateur de SF et donc technologiquement curieux) boudera le genre juste parce « c'est pas sérieux ».

À l'inverse niveau scénar', plus on gratte pire c'est...
On a deux éléments moteurs dans l'histoire : le projet de Deon -le créateur de Chappie- et la dette de Ninja à Hippo. Puis deux perturbations : Ninja enlève Deon, se retrouvant ainsi avec Chappie et Vincent Moore -un collège opposé à Deon- qui veut imposer ses robots de sécurité.
Le personnage de Hippo est l'image du criminel violent et c'est sa brutalité qui pousse Ninja à trouver un moyen de régler sa dette, en enlevant Deon, puis en « élevant » Chappie. Ce prétexte qui permet donner toute sa qualité au film, n'a pas d'autre utilité et reste irrésolu : Hippo disparaît purement et simplement de l'écran à l'occasion d'un changement de plan pour ne jamais réapparaître, ni être cité... Pouf !
Le personnage de Vincent Moore -joué par Hugh Jackman- est une caricature du blanc post-coloniale : short-polo rentré dans la ceinture assortie d'une arme à feu, mullet, ballon de rugby à porté de main, religieux, musculeux, pense à court termes, partisan des solutions brutales. C'est la version non criminelle de Hippo, la version légal et courante du con dangereux. Et con il l'est puisque son plan pour forcer la vente de son robot (inadapté et obsolète) c'est de détruire la poule au œuf d'or de la boîte qui l'emploi et surtout en se servant de l'unique clé de sécurité permettant d'affecter les robots. Les actions du personnage son forcées à contre sens de la raison seulement pour donner un antagoniste à Deon. Que le personnage ait un plan pleins d'accrocs uniquement motivé par un coup de sang irréfléchi peut passer pour Hippo, mais pas pour un ingénieur en robotique militaire issu des forces spéciales...
En fait tout le déroulement du film est permis par l'incompétence de la société Tetra vaal : absence totale de sécurité (on parle d'un vendeur d'arme qui équipe la police avec des automates militarisés) et décisions absurdes (genre laisser un civil piloter un robot sur-armé sans aucune surveillance). Au point que ça semble être un élément du film, mais on a aucune clé pour justifier qu'une société bien coté se mette soudainement à faire n'importe quoi. Et vu que le film est frivole sur la traitement de la technologie on est incliné à penser que c'est plus une lacune qu'une volonté (comme quoi le réalisme, ce n'est pas secondaire).

[1]: petit rappel